14 novembre 2010

Aung San Suu Kyi libre / Free



BIRMANIE - L’ICÔNE DE LA DÉMOCRATIE AUNG SAN SUU KYI LIBÉRÉE
Source : http://www.lequotidien.re/actualites/france-monde/143367-enfin-libre.html


Enfin libre !
Aung San Suu Kyi va devoir réapprendre à connaître un pays dont elle a été complètement coupée.
Aung San Suu Kyi, symbole de la lutte pour la démocratie en Birmanie, a été libérée par la junte hier après plus de sept ans en résidence surveillée, demandant à des milliers de partisans en liesse de travailler « à l’unisson » pour l’avenir du pays.
La lauréate du prix Nobel de la paix, considérée par ses admirateurs comme l’unique solution face au régime militaire au pouvoir, est apparue souriante aux grilles de sa vieille demeure familiale, quelques minutes après avoir pris connaissance de l’ordre de libération la concernant. Portant dans ses cheveux une fleur lancée depuis la foule, elle a prononcé quelques mots devant des partisans en délire, la plupart de ses paroles étant couvertes par les hurlements et les applaudissements.
« Nous devons travailler ensemble, à l’unisson » à l’avenir du pays, a-t-elle déclaré, en invitant la foule à la rejoindre dimanche midi au siège de la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Elle prononcera ainsi son premier discours politique depuis sept ans au siège du parti, désormais dissous, avec lequel elle a mené tout son combat depuis son apparition sur la scène politique birmane, en 1988.
« Ne restez pas silencieux » 
« Je veux vous dire qu’il y aura un moment pour sortir. Ne restez pas silencieux quand ce moment viendra », a-t-elle ajouté. « J’ai beaucoup de choses à dire, car nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps ».
La fille du général Aung San, héros de l’indépendance birmane, a passé plus de 15 des 21 dernières années privée de liberté. Elle n’avait pas circulé librement depuis mai 2003. Après avoir déjà patienté avant-hier en vain près de la maison et au siège de la LND, ses supporters avaient commencé à se rassembler hier à l’aube pour assister à ce moment historique. Beaucoup d’entre eux portaient des T-shirts à son effigie, avec comme slogan « Debout avec Aung San Suu Kyi », bravant la surveillance des policiers en civil.
Les premières réactions (lire encadré) sont venues des capitales européennes, notamment Londres qui a estimé que sa libération aurait dû être acquise « depuis longtemps ». Paris a mis en garde contre « toute entrave à sa liberté de mouvement ou d’expression ». Le président américain Barack Obama a salué la libération de son « héroïne » et réclamé la libération de tous les autres prisonniers politiques.
« Elle est complètement libre, il n’y a absolument aucune condition », a affirmé un haut responsable birman.
L’Occident avait violemment critiqué ces derniers mois le refus des militaires de laisser sortir l’opposante avant les élections de dimanche dernier, les premières depuis 20 ans, à l’issue desquelles le parti pro-junte revendique quelque 80 % des sièges, et ce avant même les résultats officiels.
En la maintenant enfermée pendant toute la campagne, le généralissime Than Shwe, homme fort de la junte, a écarté sa pire ennemie du tableau électoral, après le camouflet subi par le pouvoir en 1990.
Mme Suu Kyi et la LND avaient à l’époque remporté une très large victoire aux élections. La junte a toujours refusé d’honorer ces résultats, mais l’opposante les a constamment brandis pour justifier de sa légitimité.
Des voix s’élevaient d’ailleurs samedi pour dénoncer une manipulation de la junte pour détourner l’attention du monde entier après ces élections.
« Cette libération n’est qu’une affaire de relations publiques et n’a rien à voir avec les réformes démocratiques », a estimé Burma Campaign UK, tandis que Human Rights Watch dénonçait un 
« stratagème cynique ».



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